Le 20e épisode : à 80 ans, un nouveau départ en mission : Les Philippines
Introduction :
À la fin de mon mandat comme économe générale, je suis nommée pour la mission des Philippines. À 80 ans, on n’a plus les mêmes capacités pour une adaptation à une nouvelle culture et à un nouveau climat. Je pars sans trop savoir ce que je ferai là-bas. Je compte sur la grâce de Dieu et sur mes compagnes dans la communauté.
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À 80 ans, je termine mon second et dernier mandat dans l’administration générale à la Maison Mère, ce qui veut dire 10 ans consécutifs. Qu’est ce que je deviendrai? Suis-je encore capable d’un nouveau départ en mission? À mon âge, est-ce que je pourrai encore m’adapter à une nouvelle culture, une nouvelle langue, un climat si différent de celui du Canada? La supérieure générale a-t-elle un plan pour moi? Va-t-elle me consulter? Toute une série de questions m’envahit. Je désire retourner en mission et en même temps j’éprouve une certaine inquiétude. Je ne veux surtout pas être un poids pour la communauté qui m’accueillera.
Mon questionnement n’a pas été long, car deux jours après la clôture du chapitre, la nouvelle supérieure générale me demande à brûle-pourpoint : « Es-tu d’accord pour aller aux Philippines »? Ce fut un choc pour moi, c’était si rapide et si déterminé que j’en eus le souffle coupé. Cela m’est arrivé comme un vent très fort qui a balayé d’un seul coup toutes mes inquiétudes et toutes mes questions. Je fus surprise moi-même de m’entendre répondre, sans aucune hésitation : Oui, je suis prête! Immédiatement, j’ai éprouvé la paix et une grande joie. Dans ce coup de tonnerre, je reconnais le souffle de l’Esprit. Le jour même, à la table durant le dîner, la nouvelle supérieure générale fait sa première nomination, c’est la mienne. Toutes les sœurs sont surprises de cette nomination. Elles s’inquiètent pour moi. Lise est une femme de 80 ans. Sera-t-elle capable de relever un tel défi? Tout le monde sait bien que la supérieure de la communauté aux Philippines vient d’être nommée secrétaire générale au Canada. Sa présence était indispensable. Elle doit être remplacée sans tarder et Lise est la personne toute désignée.
Même dans la joie, je me demande ce que je vais bien faire là-bas. J’ai eu des contacts déjà avec de jeunes filles philippines, nos candidates en discernement vocationnel à Hong Kong. Ce peuple me plaît beaucoup en raison de sa simplicité, de sa joie de vivre et de sa chaleur humaine communicative. Je pars donc avec une certaine assurance face à mon adaptation.
Fin novembre 2013, je quitte le Canada. Dès mon arrivée aux Philippines, je suis conquise. Tout est comme je me l’imaginais : la qualité d’accueil de mes compagnes, des membres associés, des jeunes de notre centre de formation, des voisins, des nombreux enfants est remarquable. Donc, je me sens vraiment chez moi.
Je suis invitée d’abord à prendre un temps pour m’adapter à ce climat chaud et très humide. Le thermomètre monte jusqu’à 40 degrés avec le facteur humidité. La pollution est à son plus haut degré. On a l’impression qu’on peut couper l’air au couteau. Cela produit chez moi une baisse de pression. Je pense que la solution à mon problème n’est pas tellement dans la prise de médicaments, mais dans l’installation d’un climatiseur dans nos chambres qui nous servent aussi d’office pour le travail. La demande est présentée à l’administration générale, laquelle nous donne immédiatement l’autorisation.
Lentement, pas à pas, je me mets à l’œuvre dans des secteurs adaptés à mes capacités comme : animation spirituelle des jeunes qui fréquentent notre centre, l’animation vocationnelle, la formation et l’accompagnement de nos membres associés, mais mon temps se passe surtout à la comptabilité de la maison. Aux Philippines, c’est une tâche très exigeante qui demande beaucoup de temps. L’état exige que nous déclarions toutes nos dépenses et tous nos revenus afin de vérifier si nous sommes autonomes financièrement. À chaque trois mois, on doit présenter un rapport détaillé de nos états financiers sans quoi, nous payerons des amendes.
Aux Philippines, ce qui m’a beaucoup impressionnée, c’est le respect que les gens témoignent aux personnes âgées. Elles ont la priorité dans tous les services : les autobus, le service d’immigration, la banque, les magasins, le marché public, etc. Par cette attention particulière en raison de mes cheveux blancs, je me sens traitée comme une princesse.
Le gros trafic c’est un enfer parce que personne ne respecte les lois de la circulation. On traverse sur des feux rouges, on ne respecte pas les piétons. C’est réellement un danger pour ces piétons. Quand j’arrive à un point pour traverser la rue, il y a toujours quelqu’un qui me tend le bras, sans que je le demande, et il le fait avec beaucoup de gentillesse. Une petite anecdote : un jour, par hasard, il n’y a personne pour m’aider à travers. Je me hasarde bravement. Au beau milieu du chemin, je vois des autos qui arrivent à toute vitesse et dans tous les sens. Je suis prise de panique, je ne sais plus si je dois continuer ou revenir au point de départ. J’attrape une petite main et je traverse la rue en toute confiance. Arrivée de l’autre côté, je vois un petit bout d’homme de 3 à 4ans qui me sourit. Sa maman, qui lui tient l’autre main, me remercie chaleureusement en pensant que j’avais aidé son enfant à traverser.
Je complèterai bientôt deux ans de présence aux Philippines. Je n’ai jamais regretté cette décision, même si les débuts furent difficiles en raison de ma santé.
À SUIVRE…
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Par Soeur Lise Hamel (Soeurs Missionnaires de Notre-Dame des Anges)
Merci Louise. Je crois savoir de quelle Louise il s'agit. Tu es missionnaire comme moi mais dans une autre situation. Ton état de santé ne te permet pas de retourner en mission. Mais tu la vis TA MISSION à 100%. Ce n'est pas l'endroit où nous oeuvrons qui détermine Sa mission mais d'être là pour proclamer la Bonne Nouvelle qui nous a été donnée de vivre et d'annoncer. Bravo ma soeur missionnaire....
Sœur Lise, vous êtes magnifique de courage et de confiance en la divine Providence ! J'espère avoir la chance de vous rencontrer un jour. Merci de votre témoignage, j'ai toujours hâte à la suite.
Chère Hélène, j'apprécie bin ton commentaire. Oui, tu as raison, je suis très heureuse et aussi ma santé est meilleure. Dans les prochains épisodes, tu verras ce que j'ai traversé avant de connaître la joie du retour.
Je connais ma soeur Lise et ne suis pas surprise de sa détermination,elle est un exemple pour nous,nous ne pouvons que l'aimer
Tu es bien gentille ma petite soeur. Dans les prochains épisodes, tu apprendras ce que j'ai vécu en arrivant dans mon pays pour raison médicale en août 2016 et la joie du retour aux Philippines. Ma détermination vient de la mission que j'ai reçue. Je n'ai jamais douté de cela. Il y a bien des façons d'être heureux. Son bonheur, on le construit soi-même, jour après jour, en vivant bien tous les événements qui nous arrivent et en même temps, en remerciant le Seigneur pour le grand don de la VIE.
Bravo Lise je te trouve merveilleuse j'aimerais en faire autant mais ma santé ne le permet pas je suppose que c'est la volonté du Seigneur